Christian Perronne : “À Garches, nous avons de bons résultats avec l’hydroxychloroquine”

Pour le Pr Christian Péronne, la question de l’efficacité du traitement hydroxychloroquine et azithromycine ne se pose plus. Chef du service infectiologie de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, il le constate tous les jours depuis le début de l’épidémie : le traitement du Pr Raoult soigne et réduit fortement les passages en réanimation.

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On s’est intéressé à cette piste depuis le début de l’épidémie en Chine. Au départ de l’épidémie, les Chinois ont essayé en urgence différentes molécules qu’ils avaient sous la main. Ils ont essayé des tas de trucs : la colchicine, le Tamiflu, la chloroquine et le remdésivir. Mais ils ont vu qu’il y avait deux produits qui avaient l’air de fonctionner, la chloroquine et le remdésivir qui est uniquement intraveineux et avec des effets secondaires possiblement très importants et encore peu connus. Ensuite, il y a une étude qui est sortie du lot sur 66 malades avec pneumonie, avec tirage au sort, avec ou sans traitement par hydroxychloroquine, en excluant les cas les plus sévères. Les Chinois ont montré qu’ils obtenaient quand même un bénéfice important avec ce traitement, en raccourcissant la durée des symptômes et de la fièvre, et tous les cas qui s’étaient aggravés étaient dans le groupe des personnes non traitées.

Puis, l’étude de Raoult est sortie, sur 24 malades. Nous avons tout de suite commencer à donner de l’hydroxychloroquine à l’hôpital de Garches sur les formes moyennement sévères. Mais certains virologues nous avaient dit qu’il fallait plutôt utiliser du Kaletra, mon équipe s’est laissée influencer et nous en avons prescrit pendant quelques temps, mais on n’avait pas vraiment l’impression que ça faisait quelque chose. Du coup, on a pris la décision collégiale à l’hôpital de mettre tous les patients atteints de formes moyennement sévères, surtout en cas de pneumonie, sous azithromycine et hydroxychloroquine, sous surveillance cardiaque en respectant les contre-indications. On a veillé à mesurer le potassium dans le sang (kaliémie), vérifié les contre-indications médicamenteuses et surveillé l’électrocardiogramme. C’est ce que nous faisons systématiquement. Il faut être d’autant plus prudent que l’on s’aperçoit que le Covid-19 peut entraîner des atteintes cardiaques, même en l’absence de traitement. Il faut éviter à tout prix l’automédication qui est risquée.

Nous avons refusé de partitiper à l’étude DISCOVERY car celle-ci est uniquement destinée aux malades ayant des formes sévères, et que le traitement fonctionne en début de symptômes moyens. De plus, nous avons refusé car ce n’est pas éthique de proposer de faire un tirage au sort sur des gens qui risquent de mourir.