Le Covid-19 a attiré l’attention du public sur les essais cliniques. Dans le microcosme médical, de nombreux acteurs alertent depuis des années sur les dangers d’essais biaisés pour favoriser les autorisations de mise sur le marché de médicaments à l’efficacité douteuse.
Mais il parait que les choses s’améliorent … Ce n’est pas ce que la crise du Covid-19 laisse à penser.
Certains suggèrent que des autorités publiques pourraient effectuer ces essais, en les finançant avec une taxe sur les médicaments. « À chacun son métier », conteste Thomas Borel. « 10 à 15 % seulement des nouveaux médicaments apportent un progrès« , considère Bruno Toussaint, directeur éditorial de la revue médicale Prescrire
Marianne : Echantillon biaisé, indicateurs arbitraires… Comment des études scientifiques peuvent être faussées
Le 27 avril, c’est le tocilizumab, du laboratoire Roche, que Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), présentait en grande pompe comme significativement efficace sur les cas sévères, trois jours avant la démission du comité de surveillance de l’essai clinique censé l’avoir établi, en raison des « nombreux dysfonctionnements » de l’étude.
Et on en passe, sans que l’on soit finalement fixé sur l’utilité d’un seul produit face au Covid. De quoi s’interroger sur celle des essais cliniques. Peut-on compter sur eux pour connaître l’effet des médicaments ?
Essais randomisés (EBM) : La prétention de l’EBM est doublement fausse, tance le docteur Luc Perino, spécialiste de la médecine clinique. D’abord parce que la médecine ne l’a pas attendu pour reposer sur des preuves d’efficacité, et surtout car, de façon assez orwellienne, on a sorti cette expression quand la preuve devenait quasi inaccessible. Il était facile de prouver l’utilité d’un antibiotique, mais la preuve s’avère relative pour des médicaments visant à traiter et à prévenir des maladies chroniques multifactorielles ».